C’était dimanche, j’allais bosser. J’avais déjà eu une visite un peu stressante le matin (texte que je pensais fébrile alors que je le connaissais très bien, groupe dissipé et en retard). Pour l’après-midi je m’apprêtais à aller faire ma petite visite de la Croix-Rousse tranquille, une visite que je peux faire les yeux fermés et en pensant à autre chose. Et v’la t’y pas qu’en sortant de ma visite du matin, je vois un message vocal de France 3, elles veulent me suivre à la Croix-Rousse pour faire un sujet. Ça m’a remis un coup de stress, je les ai rappelées, j’ai mangé en vitesse, fait le ménage du bureau et je suis partie.
J’étais dans cet état un peu fébrile en me disant “j’espère que ça va bien se passer, que les gens seront sympas, qu’iels refuseront pas d’être filmés, que les journalistes seront pas trop chiantes, etc.” et je m’assois pour attendre le métro.
C’est alors qu’un mec assez âgé s’approche, il avait visiblement du mal à marcher, il s’assoit et en même temps il me bouscule à moitié (pour sa défense il n’avait pas vraiment l’air maître de tous ses mouvements). Je ne le calcule pas trop, je suis sur mon téléphone en train de bosser. À peine assis, il se retourne vers moi, et il me dit : “J’ai de la chance, je suis assis à côté d’une dame.”
Je me retourne vers lui, sans sourire, je le regarde, 4 ou 5 secondes de silence se passent et je me retourne à nouveau pour me remettre sur mon téléphone.
Pendant ces secondes de silence, j’ai cherché de toutes mes forces la punch line, le truc à dire pas trop méchant mais qui montre bien le ridicule de cette phrase, j’ai cherché de toutes mes forces quelque chose à répondre, et comme je n’ai rien trouvé, je l’ai ignoré.
Je crois que le regarder sans sourire et sans rien dire au final c’était la meilleure réponse que je pouvais avoir. Parce que déjà je n’avais absolument pas envie d’engager la discussion avec ce Monsieur, et certainement pas avec ce départ de conversation.
Rep à ça
Mais si on voulait répondre, que pourrait-on dire ? Quel est le problème fondamental de cette remarque ? Qu’une femme c’est un joli objet que l’on est content d’admirer et ça fait plaisir d’être assis à côté ? Qu’on est encore là pour décorer ? Que si j’étais un homme, son expérience serait moins agréable ? Quelques idées :
- Parce que je suis un joli objet à contempler ?
- C’est ce que sont les femmes pour vous, de jolis objets à côté desquels vous vous sentez chanceux de vous assoir ?
- Et si j’étais moche, obèse et handicapée, vous vous sentiriez toujours aussi chanceux ?
- Si vous étiez assis à côté d’un homme vous seriez moins chanceux ? Je vous comprends, moi aussi en général je suis mal à l’aise quand je suis assise à côté d’un homme.
Cette dernière, elle me plait.
Il y a plein de vieux qui disent des choses de ce style. Des vieux qu’on connait et qu’on aime bien mais on sait qu’ils sont relous et sexistes. Des vieux qui disent à un mec quand il n’y a que des femmes autour : “Ah bah t’es bien entouré hein !”
On pourrait répondre “C’est clair, moi aussi quand je suis entourée d’hommes je ne me sens jamais très bien.” C’est violent mais ça montre un peu l’absurdité de cette réplique.
L’autre solution serait de le faire par étapes. De poser la question d’abord. “Ah bon ? Vous avez de la chance ? Vous êtes bien entouré ? Pourquoi parce que ce ne sont que des femmes ? Ça veut dire que si c’était des hommes vous n’auriez vraiment pas de chance ? Vous ne seriez vraiment pas bien entouré ? C’est vrai. Je comprends, je ressens ça souvent aussi.”
Et vous, est-ce que vous avez de bonnes punch lines à répondre à ça ?