Une entreprise qui réussit

Je viens de voir la vidéo de Julia Faure sur la croissance des entreprise :

Je la trouve très inspirante, essentiellement parce qu’elle met de très bons mots sur quelque chose que l’on a déjà décidé et accepté chez Cybèle, mais de manière assez “organique”. Une prise de conscience qui nous a pris du temps, et qui a d’abord été personnelle et non pas globale. Je m’explique.

La décroissance des entreprises

Julia Faure explique dans sa vidéo qu’avec le dérèglement climatique, il est urgent de produire moins et de réduire sa consommation. Pour cela, il nous faut absolument changer de modèle de “réussite” des entreprises. Dans l’imaginaire collectif, une entreprise qui réussit c’est une entreprise qui entre en bourse, qui lève des millions et qui passe de 5 à 100 salariés en un an. Pourtant, des petites entreprises qui réussissent en dehors de ce modèle, il y en a des dizaines autour de nous ! Notre boulangerie de quartier, notre maraîcher·e, les restaurants, etc. Il est donc urgent de changer notre modèle de réussite. Le nouveau standard devrait être une entreprise qui reste à taille humaine, qui produit juste ce dont elle a besoin pour vivre, en permettant ainsi de toujours maîtriser la qualité.

La non-croissance chez Cybèle

Chez Cybèle, ça s’est passé un peu autrement. Quand on s’est lancé·es, on n’y connaissait rien à la création et à la gestion d’entreprise. On travaillait à dans un espace de coworking rempli de gens qui sortaient d’école de commerce ou d’école d’ingénieur, qui avaient eu des cours de marketing et qui savaient faire des business plans. Pour la majorité de ces gens là, le modèle de réussite était celui de la croissance infinie, et on a essayé, nous aussi, de se projeter dans ce modèle. On disait qu’on était une “start-up” et que peut-être, un jour, quand on serait rentable, on embaucherait des dizaines de guides et on s’installerait dans d’autres villes.

Heureusement, au fil des années, on a régulièrement pris le temps de se poser des questions sur notre raison d’être, sur notre cadre de travail idéal, sur nos objectifs (financiers bien sûr, mais aussi de rythme de vie). On a vite compris qu’on n’était pas faits pour ça. Que si on allait vers une entreprise qui embauche des dizaines de guides, qui ouvre des franchises ou des succursales dans d’autres villes de France, on allait devenir des gestionnaires, des patrons, des managers, et qu’on ne ferait plus jamais ce qui nous donne envie de nous lever le matin : faire des recherches, écrire des visites, mener des visites.

Le confort de travail compatible avec la rentabilité ?

C’est ça, en premier lieu, qui nous a conduit sur ce chemin plus sobre. Notre confort de travail. Ensuite, bien sûr, il a fallu savoir si ce cadre de travail était compatible avec l’objectif de salaire qu’on s’était fixé. Au bout de 10 ans, on a enfin atteint cet objectif de salaire, on est une équipe de 5, une taille idéale parce qu’on peut garder des relations de qualité, tout en s’épaulant les un·es les autres. On sait qu’on peut avoir assez de travail pour payer tous les salaires, on a même encore une petite marge de progression, mais on ne cherche pas forcément la progression facile. On pourrait décider qu’en mai-juin, la période où on a le plus de demandes, tout le monde fait des semaines de 40h minimum, qu’on se blinde de visites pour engranger un max de pognon. Mais ce n’est pas la vie qu’on veut mener. Alors on essaye d’optimiser pour à la fois capitaliser sur cette très haute saison, tout en se gardant beaucoup de temps de repos pour ne pas se laisser dévorer par le travail.

Quels objectifs pour notre entreprise et pour nos vies ?

Pour moi, aujourd’hui, il me semble qu’on est une entreprise qui a réussi, parce qu’on a atteint l’objectif de salaire qu’on s’était fixées, sans sacrifier notre vie personnelle. Maintenant qu’on est à ce palier, on ne veut pas aller plus loin. On ne souhaite pas embaucher plus, travailler plus, gagner toujours plus. On veut juste continuer de faire ce qu’on aime, et le faire bien. Le prochain objectif qu’on s’est fixé, c’est de réussir à optimiser encore plus notre travail et être plus efficaces pour diminuer notre temps de travail, et passer à 32h par semaine.

Voilà le succès selon moi. Travailler un peu moins, gagner juste assez, faire ce qu’on aime.

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